A MA MANIERE...
Le jardin de Sidonie
Chaque matin,
A petits pas,
Son panier d’osier sous le bras,
Sidonie se rendait au jardin
Gorgé de rires enfantins.
Attirée ici et là
Par les nombreux éclats,
Elle avançait doucement,
Espérant surprendre les enfants.
Mais, le temps d’arriver,
Tous s’étaient envolés
En laissant dans leur sillage
Qu'un frissonnement dans les branchages.
Les rires reprenaient
Plus loin sous le cerisier
Où la petite vieille trottinait,
S’attendant à les voir
Groupés là, vers la balançoire.
Une fois de plus
La ribambelle avait disparu,
Et seule la brise jouait avec l’escarpolette.
D’un mouvement léger
Elle la faisait descendre puis remonter,
Sans aucune fillette
Assise sur la planchette.
Sidonie la voyait pourtant
Cette joyeuse enfant.
Sa jupe voltigeait,
Ses pieds se tendaient,
Un souffle criait : « Encore plus haut !
Je veux rejoindre les oiseaux ! ».
Mais d’autres rires l’appelaient,
Là où l’herbe pleine de rosée
Gardait trace du passage
Des petits êtres volages.
Ils s’étaient amusés
Avec le ballon crevé,
Le vélo rouillé
Et les poupées cassées,
C’était tout ce qui restait
A Sidonie d’un lointain passé.
Comme chaque matin,
Avec la cohue
Les rires s’étaient tus.
Elle était rentrée à petits pas,
Son panier d’osier sous le bras,
Rempli des rires enfantins
Qu’elle avait cueillis dans le jardin
Anne-Marie BONNAUD
Souvenirs lointains...
Mon H.L.M
Habitation à loyer modéré
Sais-tu combien je t’aimais ?
Et toi qui maintenant l’habite,
Sais-tu que j’y ai vécu, petite ?
Ce bloc blanc de quatre étages
Qui n’avait pas encore d’âge,
Aux balcons rouges
Côté route, là où tout bouge,
Aux balcons bleus
Côté terrain de jeux, pour enfants heureux,
Sais-tu qu’il fut pour ma sœur, mes frères et moi,
Digne de la demeure d’un roi ?
Notre royaume se méritait et
Pour l’atteindre nous avions à monter
Deux par deux, vu notre âge,
Toute une envolée de marches
Qui nous conduisait au second étage,
Où quatre portes s’alignaient,
La notre étant celle en premier
Plus à aller tremblant le soir
Pour trouver un WC tout noir
Au fond d’une sinistre courette,
Sans même la clarté d’une allumette !
Plus de poêle à charbon
Dans toute la maison
Mais des radiateurs
Irradiant la chaleur !
Plus de cuvette
Pour la toilette,
Une baignoire, un lavabo,
Et de l’eau chaude à gogo !
Plus entassés dans deux chambres,
Mais des pièces aérées et grandes
Pour accueillir des lits d’enfants,
Sans envahir celle des parents !
Plus à jouer confinés
Dans un malheureux mètre carré,
Mais dans un terrain approprié
Avec gazon, et même des poiriers !
Dans cette cité sans pavillon,
Pour les enfants que nous étions,
Aucune sensation de prison
Mais de la joie assurée
Pour des dizaines d’années.
Et ça riait,
Et ça piaillait,
Et ça jouait,
Et ça se chamaillait,
Surveillés par nos mères
Occupées à leurs tâches ménagères,
Prêtes à accourir pour leurs marmots
A la moindre annonce d'un bobo.
Enfants de ces nombreuses cités,
Vous souvenez-vous
Comme nous savions-nous amuser
Au milieu de ce béton
Qui ne comptait pas pour de bon ?
Un toboggan, nous nous envolions,
Un tourniquet, nous tourbillonnions,
Une tempête dans le bac à sable
Et voilà qu'apparaissaient des châteaux de sable.
Prenant modèle sur nos livres d’images,
Sans toutefois être vraiment très sages,
Nous devenions
Elfes, fées, lutins,
Laissant à d’autres le soin
De se faire Dragons, sorciers ou démons.
Que de princesses à sauver !
De Robinson Crusoé à aider !
De d’Artagnan à épauler !
De cowboys à retirer
D'entre les mains
De vilains indiens !
Et toutes ces poupées à soigner !
A dorloter !
A bichonner !
Entourées de bons et de méchants,
Pas trop méchants,
Juste assez pour faire peur
Aux toutes petites sœurs.
Et aujourd'hui, êtres éthérés,
Sur ces balcons, le soir, vous m’apparaissez,
Auréolés d’un monde de silence,
Où revit notre tendre enfance,
L'enfance de ces gosses de cité,
Pas si malheureux d'y être enfermés.
A.M. Bonnaud
(Cet extrait appartient exclusivement à l'auteur aux termes des articles L 111-1 et L 112-1 du Code de la propriété intellectuelle).
Une journée d'été
J’ouvre les yeux sur un ciel azuré
Et me hâte d’avaler mon petit déjeuner,
Puis, vêtue d'un tissu léger,
Des claquettes aux pieds,
Dans le jardin aux mille beautés
Je vais vite musarder.
L’herbe est devenue palette de couleurs :
Rouge, orange, bleu, or,
Sont autant de fleurs
Aux divines senteurs,
Habitées de papillons et d'abeilles qui de leur vole
Font frissonner les fragiles corolles.
Le soir, dans la fraîcheur retrouvée,
Je divague dans le jardin
Où les ombres des pêchers
M’envoûtent de leur parfum.
Mais le cri d'une chouette dans le lointain
Me fait me rappeler ce que j'avais oublié :
La nuit appartient aux êtres éthérés.
Je laisse le jardin se couvrir d'une brume
Et sous les rayons de la lune
Je vais rejoindre ma chambre emplie
des milles et un chuchotis,
venus de cette étrange nuit
Où ce bel été
N’en finit pas de se raconter…
A.M. Bonnaud
Les fraises
Ce matin
En promenant le chien,
Deux fraises mures
M’attendaient dans le jardin.
Et ceci n’est pas pour rimer,
Point de frime
C’est la vérité,
Vraie de vraie.
Pas question
De les laisser aux limaçons !
Elles étaient trop tentantes,
Trop appétissantes,
Je n’ai pu résister
Et…
Je les ai mangées.
Toujours pas pour la rime,
C’est la vérité,
Vraie de vraie.
Le chien ?
Et bien le chien
A fait sans moi
La balade de son choix…
Dis, maman
Dis maman,
C’est quand qu’on devient
Grand ?
Ne sois donc pas si pressé
De passer de l’autre côté
Et ne réclame pas
Après ce que tu ne connais pas.
Petit bonhomme,
Toi qui n’es pas plus haut
Que trois pommes,
Reste dans la cour des petits,
Tu as bien le temps
D’aller dans celle des grands.
Joue avec tes billes,
Ton ballon
Et tes quilles.
Joue aux apaches
Á saute mouton,
Á cache-cache.
Profite de tes printemps sucrés,
De tes étés enchantés,
De tes aurores dorées.
Savoure tes rendez-vous au crépuscule
Où papillons et libellules
Sont les seuls témoins
De tes premières étreintes.
Petit bonhomme,
Quand tu seras plus grand
Que trois pommes,
Que les années se seront envolées
Comme les feuilles des arbres
Dans un ciel venté,
Quand d’automnes mordorés
En hivers gelés
Le temps se sera écoulé,
Si tu as su garder en toi
L’enfant que tu étais autrefois
C’est que tu auras compris
Que même avec des cheveux gris,
Des veines bleutées
Et le dos voûté,
C’est toi qui choisis le moment
Où tu voudras devenir grand
Ou rester enfant
Éternellement...
Anne-Marie Bonnaud
(Cet extrait appartient exclusivement à l'auteur aux termes des articles L 111-1 et L 112-1 du Code de la propriété intellectuelle).
Un jour
Un jour,
Quand le ciel sera trop chagrin,
Que la pluie n’aura pas de fin,
Pour ne pas être la sœur
De ce cheval blanc, mort
Sans avoir jamais vu le beau temps,
Je sais que je partirai.
Un jour,
Lors d’une aube nouvelle
Ou d’un crépuscule naissant,
A l’appel d’un vol de cygne blanc,
Sans bagage
Ni sac de voyage,
Je sais que je partirai.
Un jour,
J’appellerai cet oiseau,
Celui qui vole tout là haut,
Prisonnier comme moi
De ce ciel gris et bas,
Un jour,
Oui, je le sais,
Je déciderai
De m’envoler
Pour vivre dans un ailleurs bleuté.
Mots et phrases
Accourez mots,
Affluez phrases,
Virgules et points
Mettez-vous en place.
Faites-moi m’interroger,
M’esclaffer,
Me fâcher.
Offrez-moi des sourires
Des soupirs,
Des désirs.
Donnez-moi un pays,
Pour y vivre et mourir.
Puis alors,
Magie des mots,
Mystère des phrases,
Faites renaître
Sur cette page
Une aube sans nuage,
Un crépuscule sans orage.
Puis, que tout reste en place.
Anne-Marie Bonnaud (texte protégé)
Je me demande
Je me demande…
Je me demande si, un jour,
L’homme saura être assez sage
Pour accepter l’autre,
Même s’il n’est pas à son image.
Que lui importe
Si « Il», aime « Il »
Ou si « Elle », aime « Elle ».
Ensemble ne font-ils pas
Un aussi joli pluriel
Qu’un « Il » avec une « Elle » ?
Je me demande…
Je me demande si, un jour,
L’homme saura être tolérance
Pour ne plus mettre sur la balance
Une peau noire, une blanche
Même si…
Même si en musique
Une blanche vaut deux noirs
Et une noire, deux croches ;
Voilà sans doute
Pourquoi tant d’anicroches…
Je me demande…
Je me demande si, un jour,
L’homme ne verra plus la différence entre
« Il » et « Il »,
Ou « Elle » et « Elle »
Ou « Il » et « Elle »
Après tout, tous sont des gens qui s’aiment.
Et qu’importe aussi leur couleur,
L’homme ne voit-il pas
Que c’est lui seul, le malheur.
Le livre
Au bébé joufflu
Le livre en tissu.
Au Joli poupon
Le livre en carton.
A l’enfant sage
Le livre d’images
Livre d’aventures
Pour les petits durs.
Livre fantastique
Pour les drôles de loustics.
Livres de fées
Pour enfants enchantés.
Plaisir de lire,
De rêver,
De découvrir,
D'oublier,
De sourire,
Et de partager.
Anne-Marie BONNAUD
(texte protégé)