Les oiseaux du parc
Assise à mon bureau placé tout près de la porte fenêtre qui donne sur le parc, j'ai été distraite de ma recherche d'éditeurs par une agitation. Ce travail m'ennuie autant qu’il me décourage, et telle la petite écolière oubliant la maîtresse et son tableau noir, je me laisse volontiers dissiper par la gent ailée : le là-bas est plus prometteur que mon ici...
Un mur de brume reste figé derrière les châtaigniers, comme refusant à mon regard de voir par-delà. Mais ce n'est pas le "par delà" qui m'attire, c'est l'ici même. Les perturbateurs, ceux qui m'ont éloignée de cette liste sans fin et sans espoir, sont au nombre de trois. Je les vois voleter autour des arbres.
Ces jours derniers je me suis affairée au jardin, le préparant à affronter la période hivernale. Le cognassier, le saule tortueux, les vieux pommiers, tous sont dépouillés de leur couronne automnale. Plus de dahlias, d’asters ou de chrysanthèmes, à la place une auréole d’une terre grasse qui laisse remonter à la surface vers et infimes insectes.
Gavez-vous merles, moineaux et rouges-gorges, gavez-vous de cette nourriture de roi, bientôt Dame nature se couvrira de son manteau de glace et de neige, plus rien ne sortira de cette terre. Mais vous voletez en pépiant, vous moquant de cette période de disette puisque vous savez que là, dans cet éden interdit aux chats, vous trouverez la manne providentielle. Vous qui êtes si près des cieux et qui côtoyez journellement l’invisible, est-ce pour vous un miracle que ces maisons de bois fraîchement repeintes, remplies de graines et de boules de graisse qui, certains jours, sous l’épaisseur de brume, semblent tenues par rien, comme suspendues dans le néant…
A.M. BONNAUD, le 29/11/2013
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 14 autres membres