Laplumeetlesmots

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Le téléphone portable vu par Ophélie !

Extrait du roman Pays d'ailleurs... A.M. Bonnaud

 

 

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Oh ! Combien précieux et incontournable portable ! Du moins d'après mon cher trio, jeunes proies chouchoutées des vendeurs, parvenus à leur démontrer à grand coup d'encarts publicitaire du bien fondé de ce confetti. Ne renvoie-t-il pas à l'âge de glace les cabines téléphoniques et les individus qui n'ont pas de pendu à leurs basques, encore moins à leurs oreilles, l'engin des temps modernes. Mauvaise consommatrice, je le tolère uniquement pour ménager leur susceptibilité. Qu'ils ne sachent surtout pas qu'à lui j'aurais préféré pour mes cinquante ans, une jolie demoiselle ourse pour Martinpeluche, un voyage chez les pharaons, ou quelque autre folie. Peut-être s'en étaient-ils doutés, eux qui les premiers jours, au moment où je démarrais la voiture, accouraient cheveux au vent, chaussons aux pieds, peignoir ouvert, main brandie : "Maman ! Ton portable !". J'aurais aimé pouvoir hurler : "Pitié ! Pas lui !". A la place je répondais innocemment : "Oh, zut, je l'ai encore oublié.". Et je me vengeais en le jetant dans mon sac, à lui de se débrouiller pour trouver une place entre mon permis de conduire, ma carte d'identité, mon rouge à lèvre et mon poudrier.

 

Chers ados, que ne ferait pas pour vous une mère aimante, même si je me contrefiche de votre objet miniature aux multiples fonctions : sms, mms, calculatrice, réveil matin, appareil photo, jeux, radio, ordinateur, téléphone, et demain objet de survie pour personne perdue dans la brousse avec tire bouchon, décapsuleur, ouvre-boîte, chausse-pieds incorporés. En fait, si j'ai  compris, il est pour vous une sorte de balise Argos, capable de retrouver en un temps record votre mère où qu'elle soit, dès fois qu'elle se promène au bras d'un nouveau Landru, d'un grand méchant loup, d'un gentleman cambrioleur, qui sait... Et depuis que vous n'êtes plus à la maison pour me dire où ce fichu téléphone se cache, je vous en veux pour votre cadeau, toujours à se mettre dans des endroits invraisemblables : à la cuisine parmi les couteaux et les fourchettes, à la  la salle de bain au milieu des flacons et des crèmes, dans la boîte à pain, le réfrigérateur, le four, non, ne râlez pas, le four, ce n'est arrivé qu'une fois.

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(Cet extrait appartient exclusivement à l'auteur aux termes des articles L 111-1 et L 112-1 du Code de la propriété intellectuelle).



05/03/2013
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